En ce début d’été, certains s’apprêtent à tourner la page de leur engagement professionnel au sein de notre établissement ; d’autres se préparent à le vivre dans de nouveaux ; d’autres encore seront sollicités pour les oraux du baccalauréat ; pour tous enfin sonnera bientôt l’heure des vacances… Que ce temps de ressourcement en famille soit propice aux rencontres mais aussi au temps que nous pouvons nous accorder. Alors prenons le temps à dire du bien, c’est étymologiquement le sens du mot bénir : il ne s’agit pas d’être d’éternels « ravis », ni de tomber dans l’angélisme, mais de reconnaître en chaque personne la capacité à faire du bien et à participer au bonheur collectif. Avouons tout de même que c’est un point de vigilance qui devrait être permanent !
Un établissement scolaire bien vivant doit être un lieu de rencontres et pour rencontrer l’autre, un être humain doit être capable de dire « je ». Pour illustrer ce propos je vous fais part de l’intervention d’Albert Jacquard prononcée au Congrès du Mouvement de la Paix le 11 novembre 2005 : Cela a été merveilleusement dit par le poète Arthur Rimbaud dans sa formule « Je, est un autre ». Si je suis capable de dire « je », d’où cela me vient-il ? Si je suis capable de me savoir être, c’est que j’ai rencontré les autres. J’ai été fait par toutes les rencontres qui me sont arrivées depuis ma naissance, ou même avant. La rencontre avec ma maman, la rencontre avec ma famille, puis la rencontre avec tous les autres et pourquoi pas la rencontre avec Dieu. Finalement, une aventure humaine, c’est une série de rencontres. Par conséquent, le critère de l’efficacité d’une société c’est sa capacité à permettre la rencontre et à faire qu’elles soient constructives. Quand je suis en face de l’autre, bien sûr j’ai des craintes : l’autre n’est pas comme moi. Alors la seule réalité humaine me dit qu’il me faut profiter de la différence avec l’autre pour m’enrichir, pour me construire. Il faut donc remplacer une culture de la compétition par une culture de l’émulation. La compétition, c’est rencontrer l’autre en ayant envie de gagner sur lui, de le faire perdre. L‘émulation, c’est rencontrer l’autre en se disant : « S’il n’est pas comme moi, donc il va m’aider à me construire moi-même, et je vais l’aider à se construire. Si bien que l’essence de l’humanité est dans la communauté humaine. C’est bien dans la manière dont nous sommes capables de fabriquer une société de la mise en commun que nous pouvons véritablement réussir l’humanité.
La culture de la Paix est la culture de l’ouverture à l’autre. Cela n’est pas une utopie. C’est tout simplement du réalisme. Ce que nous avons de plus riche, ce n’est pas ce que la nature nous a donné, mais ce que nous nous sommes donnés à nous-mêmes. L’être humain est le produit de l’aventure humaine, et cela dure indéfiniment. Voilà la réalité. Disons non à tous ceux qui nous font croire qu’il faut lutter pour être, car pour être vraiment il faut nous ouvrir à l’autre pour le rencontrer.
Je tiens à féliciter l’ensemble de la communauté éducative du Collège Épiscopal Saint André pour son engagement permanent à la réussite de tous, et de chacun. Merci à toutes et à tous qui dans la diversité et la richesse de ce que vous êtes contribuent à faire de notre établissement, un établissement bien vivant qui s’efforce d’apporter un service de qualité.
Bien à vous,